Résumé de l’historique de l’étude

Fin des années 1990 début 2000, le CREL (Centre de Recherche et d’Etude de la Logistique de la Police Nationale Française) avait lancée un vaste programme d’étude recherche développement afin de mettre au poing un ou plusieurs projectiles de calibre 12 (18,50 mm) répondant aux besoins spécifiques définis dans le cadre des missions courantes ou spécifiques rencontrées sur le terrain par les Forces de Police. J’avais été à l’époque quelque peu intéressé à la démarche, ce qui m’a permis de disposer d’informations privilégiées qui m’ont autorisé à parfaitement cerner la nature et la complexité du ou des problèmes posés. Une évidence apparaissait alors à cette époque, une seule et même balle ne pourrait certainement pas être la solution à l’équation des multiples paramètres et inconnues qui se profilaient. A cette époque, la balle ’’Original Brenneke’’ était le projectile de référence en dotation dans la Police Française. Pensez donc une balle de chasse destinée au tir des grands mammifères dans les fusils de la Police Française dotée de fusils à ’’ pompe’’ ; voila quelque chose qui était susceptible de faire un peu de bruit. Il fallait évidement remédier au problème, c'est dans le cadre des attributions qui lui étaient confiées, que le CREL décida donc au titre de ses prérogatives de lancer un vaste programme de recherche et développement de projectiles de calibre 12 afin de répondre aux attentes et besoins de ses Agents de la Force Public. 

L’étude était faite sous le Commandement du Commissaire Patrick Charles DARRAS Responsable du Département Armement, Balistique et des Moyens d’Essais, DAPL-SDL ainsi que de Bernard BINON Commandant de Police EF affecté à l’étude et de Jean Jacques DÖRRZAPH responsable de l’Unité de Balistique Lésionnelle, principal acteur du dossier.

Tout a commencé par l’achat « anonyme » de différents types de chargements à balle de calibre 12 commercialisés pour une utilisation de chasse courante des grands mammifères. Tous les types de balles qui avaient pu être regroupés, environ une vingtaine, ont donc fait l’objet d’essais préliminaires. Ce type de test a permis dans un premier temps de mettre en évidence qu’il existait de grandes différences entre toutes les balles, et que ces dernières étaient loin d’être égales, tant en matière de précision que de balistique extérieure ou de balistique terminale pour ne citer que les principaux paramètres. Au terme de longues séances d’études de tirs et d’essais divers permettant d’établir une présélection, il s’avérait que seules trois d’entres elles étaient potentiellement susceptibles de répondre aux attentes et besoins qui avaient été préalablement définis. Il s’agissait de la balle « Original BRENNEKE » officiellement en dotation ; plus spécialement destinée à servir de valeur étalon pour le développement ultérieur de l’étude, comportant la Balle Flèche SAUVESTRE et la balle FIER. La seconde partie de l’étude s’orientait donc sur la participation de ces trois « Challenger » qui possédaient chacune des spécificités balistiques, techniques et technologiques très différentes et surtout bien inégales.

Pour la balle « Original BRENNEKE » : Balle de chasse standard, en plomb durci à l’antimoine, d’une masse de 31,50 grammes. Projectile de diamètre 18,50 mm type cylindro ogival à pointe conique comportant douze ailettes de guidage inclinées à droite. Vitesse initiale entre 415 m/s et 440 m/s selon la nature des chargements. Balle d’une longueur totale de 31 mm environ. Corps de balle en alliage de plomb fixé à une empenne stabilisatrice par une petite vis de type VBA, composée d’une bourre en fibre ou en feutre, maintenue entre deux rondelles en carton. (Plus tard une version rondelles en matière plastique noir est apparue.) Projectile auto stabilisé volant selon le principe de la flèche. Excellente balle pour la chasse au grands mammifères ; fabriqué dans cette version depuis 1935 sur la base d’un concept originel datant de 1898. La balle entière repose sur une bourre intermédiaire et un obturateur qui la sépare de la charge propulsive. Bien que dotée de performances balistiques plus que très honorable, cette balle n’est d’une part pas vraiment adaptée à une mission de Maintien de Force de l’Ordre et pas vraiment conforme aux dispositions de la Convention de la HAYE qui ont également valeur de référence en la matière.

Pour la Balle Flèche SAUVESTRE : Balle de chasse de type flèche à pointe cylindro ogivale creuse en alliage de plomb d’une masse de 26,00 grammes nickelée ou non selon version. Projectile de type sous calibré d’un diamètre de 11,50 mm maintenu dans un sabot bipartie de type tracteur qui se séparent dans les quelques premières dizaines de centimètres qui suivent la sortie du canon. La balle montée dans son sabot possède une masse totale de 32,00 grammes pour un diamètre de 18,50 mm. La balle longue d’environ 50,00 mm possède un corps cranté parfaitement maintenu à l’intérieur du sabot. Le crantage à trois échelons sert également de générateur d’expansion et de fragmentation. Une empenne de type flèche est positionnée fermement à l’arrière du projectile, grâce à un insert en acier fileté qui se prolonge à l’intérieur du corps de balle, lui conférant des capacités balistiques particulières. Le concept technologique à très hautes performances de la Balle Flèche SAUVESTRE est breveté depuis 1983. Cette balle a été spécifiquement étudiée et développée pour optimiser les effets lésionnels en action de chasse pour le tir des grands mammifères du chevreuil jusqu’au buffle. En calibre 12/76 mm cette balle offre des performances de balistique lésionnelle proche d’un calibre d’arme à canon rayé. Il va donc s’en dire que ses performances balistiques dans cette version vont bien au-delà des besoins définis. La balle composée est en contact direct avec la charge de poudre grâce à un concept technologique particulier.

BALLE FIER (Flèche Interne et Externe de Révolution) : Balle de chasse de type sous calibrée à technologie poly bloc adaptative. Plusieurs versions étaient commercialisées depuis le début des années 1990, mais c’est la version chasse de 24,00 grammes qui a été initialement retenue pour l’évaluation. Balle composée d’un sabot poly bloc verrouillé, en matière plastique de couleur blanche, de type pousseur dont les éléments ne se séparent pas de la balle jusqu’au moment de l’impact. Le sabot est composé de deux éléments qui sont la base ou socle de maintien, et la coque enveloppante ou sabot de compression. La balle est donc formée par un ensemble technologique comprenant le sabot deux parties, et le corps de balle défini par un pénétrateur en laiton ou flèche interne et une masse additionnelle à effet de marteau, ou masse marteau. Le but de la masse marteau est de fournir une impulsion favorable à la pénétration lors de l’impact de la balle qui produit un freinage brutal. Le projectile initial possédait une longueur totale de 36 mm pour un diamètre de base de 18,50 mm. Le projectile sous calibré quand à lui possède une flèche d’une longueur de 30,00 mm pour un diamètre moyen d’environ 5,00 mm. La masse marteau possède un diamètre d’environ 12,00 mm de moyenne pour une hauteur de 20,00 mm. La composition des deux éléments forme un projectile d’un diamètre de 12,00 mm pour une hauteur de 30,00 mm, le tout logé dans une enveloppe de 18,50 mm/38,00 mm. La balle repose sur un obturateur, quand bien même, la base inférieure du socle de maintien de cette dernière forme, elle-même, un obturateur à lèvre.

Voila donc qu’elles étaient les trois challenger de l’époque qui ont permis de donner naissance a ce vaste programme de recherche/développement qui a abouti à l’évolution de l’une d’elle.

En effet, le programme prévoyait qu’il ne devait en rester qu’une, et donc face à ce qui semblait être le concept le plus « souple » à faire évoluer, les acteurs de l’époque ont orienté leur choix sur la balle FIER, dont le fabricant, de surcroît, se trouvait dans un proche rayon, ce qui facilitait la communication tout en simplifiant le protocole de développement.

 Le rapport d’homologation qui suit retrace pour infime partie, la nature des essais qui ont été entrepris à l’époque.

 Aujourd’hui, bizarrement, La PAL n’est pas utilisée par la Police Nationale Française qui continue à employer les chargements à balle « Original Brenneke » malgré un investissement mené avec succès et contre tout vent des implications qui peuvent apparaitre un jour. 

Ceci dit, la Gendarmerie Nationale ne s’y est pas trompée ; le développement n’est pas resté sans suite, celle-ci emploi une définition de la PAR en version Gendarmerie bien entendu.

  

J.SERRE